[RETEX-survie] Une fillette survit pendant onze jours, seule, dans la taïga en Sibérie

Elle doit son salut à son chien. Disparue depuis le 29 juillet, Karina Chikitova, une petite fille russe de 3 ans et demi, a été retrouvée saine et sauve après avoir passé onze jours seule dans la taïga en Sibérie, rapporte le Siberian Times (en anglais) lundi 11 août. Un miracle sachant que la région, dans le nord-est de la Russie, est infestée de loups et d'ours et que les températures descendent jusqu'à 6°C en cette période de l'année.

Heureusement, la fillette, qui s'est peut-être perdue dans les hautes herbes en essayant de suivre son père, était accompagnée de son chien. Elle a ainsi pu se blottir contre l'animal pour lutter contre le froid. Karina a aussi réussi à survivre en mangeant des baies sauvages et en s'hydratant avec l'eau des rivières, rapporte le Siberian Times. Elle ne souffre que de piqûres de moustiques et de quelques écorchures aux pieds.

Deux jours avant que la petite fille ne soit finalement découverte, le chien a retrouvé son chemin jusqu'au domicile de Karina. Là, il a guidé les secouristes jusqu'à l'endroit où la fillette se trouvait. Elle ne pesait plus qu'une dizaine de kilos et a tout de suite été transférée à l'hôpital le plus proche.



Source de l'info : http://www.francetvinfo.fr/monde/une-fillette-survit-pendant-onze-jours-seule-dans-la-taiga-en-siberie_668701.html


Comme quoi il faut initier nos gosses dès le plus jeune âge à avoir certains réflexes, tout peut arriver et un rien peut les sauver.

Bonsoir,

c'est exceptionnel pour une fillette de son âge dans ce milieu. D'après les premières analyses que j'ai fait (RETEX-SISU), ce qui a joué en sa faveur:

-sa position géographique et sa période de survie: protégée des vents dominants (ceux qui font tomber la température en dessous de 0° parfois à cette période). 2 points à nuancer par rapport aux écrits journalistiques: La région forestière à proximité de Olom est effectivement très fréquentée par les loups, mais les ours n'y sont pas en grand nombre. De plus, à cette période de l'année en Yakoutie, l'été se termine, et dépassé le 15 aout, les premiers froids arrivent la nuit. Il n'est pas rare d'avoir même les premières tombées de neige dès fin aout (bien qu'elles ne persisteront à partir de fin septembre). Sa période de survie, fin juillet début aout est l'une des plus clémentes de la région yakoute...

-Ses origines sakha (yakoute) et la rusticité de son éducation: Ce sont des enfants résistants, peu enclins à se morfondre ou à se plaindre. Le mental et la rusticité de l'enfant ont donc du beaucoup jouer. Ajoutons que sa connaissance empirique (par mimétisme) de la taïga: elle a certainement dû voir déjà ses parents faire de la cueillette des fruits de la forêt (à cette époque, myrtilles, raison d'ours, mûres arctiques...), ce qui lui a permis de s'alimenter instinctivement. Par chance (ou pas?), elle n'est pas tombée sur des baies toxiques ou indigestes qui auraient pu lui nuire cependant. Idem avec la consommation de l'eau (acide dans ce milieu, potentiellement stagnante et non potable), elle aurait pu attraper une parasitose, et donc avoir des diarrhées qui auraient jouées en sa défaveur. De toute évidence, d'après les premières constatations médicales, malgré une perte de poids, elle n'a pas eu de déshydratation sévère (et donc pas de diarrhées de prime abord) 

-Son chien: compagnon de fortune, aidant à lutter contre la peur et la solitude. Certainement aussi qu'il a contribué à tenir les animaux au loin. J'ajoute que la chaleur apportée par celui ci fut certainement ce qui lui a empêché les hypothermies sévères. Le chien avait apparemment creusé un trou dans la terre. (certains journalistes humanisent l'animal en disant que c'était volontaire, pour pas qu'elle ait froid...). Je prête plus volontiers ce comportement à un instinct de "ratier" que la jeune fille, par psychologie de survie (réf: psychologie de l'enfant égaré: UN GRAND CLASSIQUE que de retrouver l'enfant dans un trou, une souche, sous un tronc etc..."se cacher dans la cabane" en somme. Le trou combiné à la chaleur du chien ont joué sur sa capacité à préserver sa thermorégulation un minimum. Ajoutons qu'il a eu l'intelligence (ou l'instinct?) de retourner à la "maison" et donc de pouvoir faire venir les secours à la petite.

-Une bonne constitution et peu de blessures (aucunes blessures graves): C'est l'élément primordiale. Aurait elle cédée à la panique qu'elle aurait pu se blesser gravement (réf: brise cheville entre les mousses et roches etc...). Ses quelques égratignures ne sont pas infectés à la rendre malade, pas hémorragie conduisant à la mort... De nombreuses piqûres d'insectes (les moustiques sont horribles là bas...) et pas de réaction allergique. Sa bonne constitution visiblement est un plus pour sa survie. 

Cordialement, Jonathan

Bonsoir

Ce que je ne comprends pas : comment peut-elle être aussi propre ?

Amitiés
Martin

Re,

ça me choque pas tant que ça. Et peu de terre salissante comme en tempérée, c'est à dire pas de terrains boueux en Taïga (en dehors des lieux ravagés par l'homme et de quelques mouvants dans les marais...). Et le temps niveau météo de ces dernières semaines étaient plutôt clément pour la région. Il est possible aussi que la maman ait nettoyé sa petite avant l'arrivée des journalistes qui étaient sur le qui-vive depuis l'annonce de la disparation.

Cordialement, Jonathan

Bonsoir,

Merci Jonathan pour ton analyse très instructive.

Une question cependant : que veut dire "SISU" ? Merci

Bonjour,

RETEX-SISU : Retour sur l'expérience des situations de survie. Dans mon école, nous avons un pôle d'analyse des situations de survie. L'objectif est d'identifier les causes, comprendre les mécanismes, et proposer des "voies de sortie" etc... Ainsi, à chaque nouvelle situation, nous nous procurons un ensemble de documents (doc journalistiques, rapports officiels, rapports médicaux lorsque cela est possible...) pour analyser les données et faire un RETEX-SISU.

Cordialement, Jonathan

Salut...
J'ai lu ton retour, John, sur la petite fille retrouvée après 11 jours, en Sibérie... Super intéressant...
tu mentionnes la présence de végétaux toxiques (qu'elle a eu la chance de ne pas ingurgiter, apparament)... Quels sont ils?
Je te pose la question parce que de par la taiga Lapone, bien qu'il doit y'en avoir, les locaux m'ont toujours dit que je n'avais pas trop à me prendre la tête avec cela, lors de mes ceuillettes: principalement airelles: blue/lingon/cloud berries...
Je te pose la question car ma petite fille adore faire ca, et en Septembre de l'année dernière elle a passée son temps à ceuillir...
j'aimerai lui éviter de tomber sur de mauvais trucs, ainsi que nous...

Merci d'avance à toi pour le partage de ton point de vue là dessus!

à+,
Lambda

lambda a écrit:

Salut...
J'ai lu ton retour, John, sur la petite fille retrouvée après 11 jours, en Sibérie... Super intéressant...
tu mentionnes la présence de végétaux toxiques (qu'elle a eu la chance de ne pas ingurgiter, apparament)... Quels sont ils?
Je te pose la question parce que de par la taiga Lapone, bien qu'il doit y'en avoir, les locaux m'ont toujours dit que je n'avais pas trop à me prendre la tête avec cela, lors de mes ceuillettes: principalement airelles: blue/lingon/cloud berries...
Je te pose la question car ma petite fille adore faire ca, et en Septembre de l'année dernière elle a passée son temps à ceuillir...
j'aimerai lui éviter de tomber sur de mauvais trucs, ainsi que nous...

Merci d'avance à toi pour le partage de ton point de vue là dessus!

à+,
Lambda

Bonjour l'ami,

il y en a un certain nombre en forêt boréale (j’élargis à l'ensemble de la Boréalie mondiale), mais très rarement présentes sur une même zone et très peu présentes en jonction taïga/toundra (plus on monte niveau latitude):

-Les if (la baie=le noyau)
-Les sumacs grimpants (presque toute la plante dont la baie)
-les cornouillers à feuilles alternes
-Les sureaux Yèbles (Cependant, de mémoire j'en ai jamais vu en Sibérie en zone boréale, uniquement dans le Sud de la Norvège et de la Suède)
-Les douces-amères (les baies, attention le rouge attire et on peut les confondre (bien que la plante non) avec les fruits de rosiers)
(...)

Ce sont les plus "présents" et connus. Mais la liste peut s'allonger! (ça vaudrait peut être le coup de faire un article d'ailleurs là dessus, je vais m'y pencher... )

Amical partage, Jonathan

Jonathan (John C) a écrit:

Bonjour l'ami,

il y en a un certain nombre en forêt boréale (j’élargis à l'ensemble de la Boréalie mondiale), mais très rarement présentes sur une même zone et très peu présentes en jonction taïga/toundra (plus on monte en zone niveau l’attitude):
...

Merci à toi pour ta réponse rapide et précise, comme d'hab quoi! :9

Je renchéri le point souligné et cela me donne un élément d'éclaircissement au fait que (je m'auto-cite)

"bien qu'il doit y'en avoir, les locaux m'ont toujours dit que je n'avais pas trop à me prendre la tête avec cela, lors de mes ceuillettes:"

Parce que la région du lac d'Inari en Finlande est en fait presque à la limite Taiga/toundra que tu mentionnes... quelques dizaines de km plus au nord du lac, on rentre dans le Finnmark et on tombe sur un paysage de toundra évident, d'autant plus qu'on grimpe un peu en altitude...

"ça vaudrait peut être le coup de faire un article d'ailleurs là dessus, je vais m'y pencher... )"

TFDAK...

à+ et merci.

Lambda

Bonsoir,

Quand on lit ce récit, on ne peut qu'être impressionné je trouve, même si elle a eu de la chance d'avoir pas mal d'éléments de son côté. En tout cas, je dis bravo aux parents qui on sût donner (même si elle est jeune) une telle éducation.

Cordialement, Gauthier