Article basé sur une interwiew que j'ai donné au journaliste Julien Ménielle sur l'affaire Trébeir et corroboré par D.Manise
http://www.20minutes.fr/article/346829/France-Le-guide-pratique-de-la-survie-en-foret.php
"EVASION - Alors que Jean-Pierre Treiber est toujours en fuite, 20minutes.fr a interrogé deux spécialistes de la survie en milieu hostile pour savoir comment tenir caché dans les bois...
Plus d'une centaine de gendarmes, des chiens et des hélicoptères sont lancés à la poursuite de Jean-Pierre Treiber. Mais le fugitif échappe à la traque, probablement caché dans les bois. Jean-Pierre Treiber connaît bien les lieux. «Il y a plusieurs profils d'évadés, explique un policier spécialiste de la recherche de fugitifs interrogé par 20 Minutes. Lui ne doit pas être parti à l'étranger. Il est sans doute planqué quelque part dans ce bois...» Comment fait-il pour survivre? Quels risques court-il? 20minutes.fr a posé la question à John C. et à David Manise, tous deux spécialistes des formations de survie.
Pour ces deux experts, ce qu'il faut toujours garder en tête, c'est la sacro-sainte règle des 3.
3 secondes sans vigilance, et c'est l'accident
Avoir l'esprit toujours en éveil, anticiper les dangers. L'idéal est de connaître les lieux, ce qui est le cas de Jean-Pierre Treiber, qui connaît la forêt d'Othe comme sa poche.
3 minutes sans oxygène, et c'est la mort
Ce qui renvoie à la règle précédente, mais implique aussi d'avoir des notions de secourisme, en cas de blessures. Le sang étant chargé du transport de l'oxygène, il convient de connaître les points de compression artérielle et la technique du garrot, en cas d'hémorragie.
3 heures sans protection, et c'est l'hypothermie
Pour maintenir sa température corporelle, il faut avoir de quoi s'isoler du froid, notamment la nuit, quand la température chute. Actuellement, dans la région d'Auxerre, elle passe facilement sous les 10°. L'idéal est d'avoir les vêtements adéquats. Les enquêteurs ont retrouvé, dans le camion grâce auquel Jean-Pierre Treiber s'est évadé, un sac plastique dans lequel ils supposent que le fugitif avait emporté de quoi se couvrir. Il faut également se protéger du vent et de l'humidité, en construisant un abri.
3 jours sans eau, et c'est le malaise
Dès les premières 24 heures, les troubles de la vigilance apparaissent, et la vitalité diminue. La déshydratation favorise par ailleurs l'hypothermie. C'est sans doute là la principale difficulté à laquelle risque d'être confronté Jean-Pierre Treiber. «On peut filtrer l'eau de pluie avec un mouchoir», mais Treiber n'a pas de récipient pour la recueillir, note David Manise. Alors à moins de voler ou d'avoir un complice...
3 semaines sans manger, et c'est le coup de mou
On peut survivre en mangeant peu ou pas, l'eau suffit. Mais pour garder des forces, il faut du carburant. Avant d'envisager de mastiquer les insectes, on peut se tourner vers le «1er cercle» alimentaire, explique John C. Fruits ou plantes, l'ancien garde-forestier sait reconnaître ce qui est comestible. «Et cette saison est idéale pour trouver ce qu'il faut en forêt» en raison de la variété des aliments disponibles, ajoute David Manise.
3 mois sans contact social, et c'est la folie
Apparemment, pas de quoi inquiéter notre fugitif, ancien garde forestier, habitué à la solitude en plein air.
Histoire de corser l’histoire, en plus de survivre, Jean-Pierre Treiber doit rester invisible.
Ne pas faire de feu. C'est pourtant la meilleure façon d'y voir clair et de se réchauffer la nuit. Mais c'est aussi le meilleur moyen de se faire repérer. Option donc exclue.
Enterrer ses déchets. Les restes de repas, si frugaux soient-ils, sont autant d'indices d'une présence humaine. Idem pour ce que l'on appelle pudiquement les «déchets organiques».
Faire disparaître ses traces. Il faut donc éparpiller les branches avant de quitter un campement et effacer les empreintes de piétinement sur le sol.
Etre silencieux. Sauf en cas d'urgence immédiate, mieux vaut éviter de courir dans les bois et de faire craquer les branches.
C'est finalement l'odeur de l’individu, avec la pénurie d'eau, qui pourrait bien finir par poser problème. Une aubaine pour les chiens à ses trousses.
Julien Ménielle"